Jeûne intermittent | Que dit la science?
Le jeûne intermittent, populaire depuis au moins une dizaine d’années, provoque une discussion entre ses admirateurs et ses adversaires. Pour ces derniers, cette méthode alimentaire, qui alterne les périodes de jeûne stricte avec celles où la prise de la nourriture est permise, peut avoir des conséquences néfastes pour la santé et les effets secondaires dangereux pour l’organisme.
Regardons ce que la science, et la médecine en particulier, en dit.
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Plusieurs études suggèrent que le jeûne en tant que tel a des effets positifs sur la santé : en particulier, sur le métabolisme énergétique, c’est-à-dire, sur l’ensemble des réactions chimiques qui se déroulent dans chaque cellule permettant à l’organisme de se maintenir en vie, mais aussi sur le niveau d’inflammation et sur le déclenchement du stress oxydatif (c’est une agression des cellules par des radicaux libres qui favorise le vieillissement).
Jeûne Intermittent 101 : Guide, définition et bienfaits
En ce qui concerne le jeûne intermittent et ses effets sur les êtres humains, les études ne sont encore pas très nombreuses. Cependant, les résultats scientifiques publiés sont déjà encourageants.
Quels sont les effets bénéfiques du jeûne intermittent?
Depuis 2012, le Dr Martin Juneau, directeur de la Prévention et de la Réadaptation cardiovasculaire à l’Institut de Cardiologie de Montréal (ICM) et professeur à l’Université de Montréal, pratique le jeûne intermittent pour aider les patients avec un surpoids et plusieurs maladies adjacentes. Il note « une amélioration du métabolisme du glucose, du taux d’insuline à jeun et de la pression artérielle ».
Au niveau de la pression artérielle, les résultats sont spectaculaires :« Elle diminue à un point tel que je suis souvent obligé d’arrêter un premier antihypertenseur et de réduire le second chez le patient, raconte Dr Juneau. Chez certains, je cesse même tout. » Le cardiologue constate des chutes de pression systolique de 20 mmHg et de pression diastolique de 8 mmHg : « Cette baisse peut survenir en deux ou trois semaines, selon l’intensité du jeûne. »
En ce qui concerne le taux d’insuline, le médecin remarque également un progrès : « On voit aussi le taux d’insuline diminuer, dit-il. Les gens qui ont une glycémie, par exemple, de 6,4 mmol/l et une hémoglobine glyquée limite, mais ne sont pas encore diabétiques, ont souvent une insuline à jeun élevée, de l’ordre de 110 pmol/l-115 pmol/l. Après quelques semaines de jeûne, l’insuline va baisser à 80 pmol/l, 75 pmol/l ou même 60 pmol/l. Et là, tout se met à débouler. La glycémie à jeun s’améliore et le taux d’hémoglobine glyquée diminue. »
L’avis du cardiologue québécois n’est pas marginal. En 2019, The New England journal of Medicine a publié plus de 70 résultats d’études sur le jeûne intermittent en constatant que cette méthode alimentaire peut contribuer à ralentir le vieillissement et à freiner les maladies comme le cancer, les maladies cardiaques et le diabète.
Vivre plus longtemps?
Une autre étude, publiée par une équipe de l’Université Columbia dans la revue Nature, le 29 septembre 2021, avance une hypothèse selon laquelle le jeûne intermittent accroît la longévité chez les mouches drosophiles (ces mouches des fruits ont des horloges biologiques similaires à celles des humains et partagent au moins 70 % des gènes humains liés aux maladies).
L'étude explique comment le jeûne intermittent fonctionne à l'intérieur des cellules, ralentissant le processus de vieillissement. « Parce que le jeûne intermittent limite le moment où l'on mange, on a émis l'hypothèse que les horloges biologiques naturelles jouent un rôle », déclare Mimi Shirasu-Hiza, PhD, professeure agrégée de génétique et de développement à l'Université Columbia, qui a dirigé l'étude.
Les mouches des fruits sont un excellent modèle de vieillissement, explique Shirasu-Hiza, car les mouches des fruits et les humains vieillissent de la même manière, mais comme les mouches des fruits ne vivent que deux mois, les expériences de vieillissement sont techniquement plus réalisables.
Les chercheurs ont mis leurs mouches sur l’un des quatre programmes alimentaires avec un horaire alimentaire différent. Parmi les quatre programmes alimentaires, seul l’iTRF (un programme du jeûne intermittent) a prolongé de manière significative la durée de vie – 18% pour les mouches-femelles et 13% pour les mouches-mâles.
Pour les chercheurs, le rôle du temps était un indice important sur la façon dont le jeûne est lié à la longévité. Ils notent également que « les avantages de l’iTRF qui prolongent la vie nécessitent un rythme circadien fonctionnel et des composants d’autophagie », « lorsque l’un ou l’autre de ces processus était perturbé, le régime alimentaire n’avait aucun effet sur la longévité des animaux ».
Les rythmes circadiens (ou horloge biologique) sont des rythmes biologiques d’environ 24 heures qui déterminent l’alternance veille-sommeil et plusieurs autres processus physiologiques. Tandis que l’autophagie (du grec « auto », voulant dire « soi-même », et « phagie » signifiant « manger ») est le processus de nettoyage des cellules, connu pour ralentir le vieillissement. Les cellules humaines utilisent les mêmes processus de nettoyage cellulaire.
Les résultats
Le résultat de recherches des scientifiques américains n’étonne pas le Dr Juneau : « Depuis très longtemps, on sait que, chez l’animal, la restriction calorique prolonge la survie, que ce soit des mouches, des souris ou des singes, explique le cardiologue. Les études sur les animaux ont démontré l’efficacité du jeûne intermittent pour prévenir presque toutes les maladies chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaires) et neurodégénératives (Alzheimer et Parkinson). Chez l’humain, les études commencent à s’accumuler depuis cinq ou six ans et les résultats vont dans la même direction. »
Les scientifiques sont d’accord cependant pour dire que le jeûne intermittent est déconseillé aux adolescents et aux enfants, ainsi qu’aux femmes enceintes ou allaitantes et aux personnes ayant des troubles du comportement alimentaire. Les gens qui ont des maladies chroniques sont toujours invités à consulter leur médecin traitant avant de commencer le jeûne.
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